CHRONIQUE BOTANIQUE 21 : COURONNES ET GUIRLANDES
1) LE THÈME DE LA 10e ÉDITION D'ENTRE COURS ET JARDINS
Nous sommes déjà à la fin du mois de novembre et deux mois sont passés depuis la 10e édition de notre belle fête ECEJ ; mais peut-être serez-vous contents qu'on vous remette en mémoire quelques images de ces jours-là !
Au fil des années ont été mises à l'honneur les particularités de la Cité Plantagenêt : après les escaliers et les passages, il s'agissait en 2017 de décorer les portes : portes cochères, portes de boutiques, portes d'hôtel particuliers, portes de maisons toutes simples. Des fleuristes professionnels étaient appelés à inventer les plus belles décorations pour ces deux jours de fête. Comme je suis limitée à un certain nombre de photos par chronique, je ne peux vous présenter ici que très peu d'exemples. En fait, j'ai tout admiré, mais c'est comme pour des bijoux qu'on doit choisir, certains correspondent exactement à votre goût.
2) EN SE PROMENANT DE PORTE EN PORTE
Voici pour commencer une couronne très raffinée. Elle a été tressée sans aucun artifice, uniquement avec les tiges des trois sortes de fleurs : physalis, arums et lys grimpants, ce qui permet une transparence magnifique. Les fleurs sont mises en forme directement avec une habileté étonnante, car il est difficile de ne rien briser.
L'association des couleurs, de cet orange vif et d'un violet rouge est superbe, rehaussé encore par le fond bleu de la porte. Aucune feuille n'est utilisée, le vert est introduit uniquement par des tiges.
Une demi-guirlande se blottit dans le plein cintre de l'encadrement de la vieille porte.
La décision de décorer uniquement un côté met tout en valeur : l'ancienneté du mur, le plein cintre, la porte cloutée avec son judas.
L'artisan a utilisé fleurs et feuilles de couleurs rose et gris qui contrastent bien avec le rouge de la porte. Un autre contraste a été obtenu par les formes des végétaux utilisés : petites roses, grandes fleurs de hydrangea, étoiles de clématites, feuillage fin et allongé, eucalyptus ou saule ?
Le cadre d'une vieille porte à fenêtre est posé devant le parapet. Il a été drapé d'un rideau magnifique de hydrangeas et d'un feuillage luisant. Les hydrangeas d'un dégradé rouge violet vif jusqu'au rose le plus pâle se perdent dans la partie basse dans un feuillage vert foncé qui représente le bas du rideau. Ce dernier est même retenu, comme il se doit, dans un beau ruban en hydrangeas bleus.
Pour parfaire la jolie scène, le rideau est terminé par un galon vert clair fait de petits pots de sagines et cotules. J'imagine que les créatrices ont dû se régaler en inventant leur œuvre.
Toute opposée à la première couronne transparente, celle-ci a dû bénéficier d'un support solide pour recevoir des plantes mousseuses comme les sagines, les cotules et même de la vraie mousse. Dans ce fond feutré ont été piquées des joubarbes de toutes tailles. Les feuilles de tillandsia grises flottent sur l'ensemble, elles sont aussi intégrées dans le ruban final. Par-ci, par-là dans cet ensemble de nuances vert clair, beige et gris, la créatrice s'est amusée à cacher une multitude de coquilles d'escargots.
Voici deux couronnes jumelles très pures où le créateur a fait alterner pommes et toutes petites fleurs blanches. Quelques feuilles d'eucalyptus, un nuage de gypsophile, un grand ruban blanc qui flotte au vent sont délicatement ajoutés. La scène fait penser à un mariage, un baptême ou une communion qui pourraient avoir lieu dans ces deux maisons.
Nous arrivons devant une porte d'hôtel particulier décorée d'une guirlande de fête joyeuse ! Vu la date tardive de notre manifestation et le manque de fleurs à cette époque, beaucoup de créateurs ont utilisé des fruits : physalis, pommes, coloquintes, pyracanthas, cenelles. Ici dominent des pommes suspendues à des rubans orange. Ce ruban a été aussi noué dans le lierre qui entoure la porte. Deux petites couronnes reprennent des teintes orange.
Une autre porte d'hôtel particulier, une variation de la scène précédente : les formes rondes dominent aussi dans cette guirlande. Il s'agit ici de jolies boules de mousse qui alternent avec des coloquintes d'un blanc crème ; le tout est accompagné de rubans clairs. Pour accrocher la guirlande sans planter trop de clous dans l'encadrement de la porte, on s'est servi de quelques bons paquets de fagots décoratifs.
Ici nous retrouvons le motif des couronnes jumelles qui décorent respectivement deux portes jumelles Elles sont entièrement tressées de lierres et de physalis et se terminent par de magnifiques traînes. Le créateur n'a pas pu résister à ajouter d'autres décorations sur des rebords des fenêtres et entre les portes : encore un bouquet de physalis, des pommes et des petites courges. Un rideau végétal déborde de la boutique à côté. C'est vraiment une interprétation de surabondance et de gaieté qui fait penser à un tableau hollandais.
3) COURONNES ET GUIRLANDES DANS LES COUTUMES DES AUTRES
À notre époque, dans beaucoup de pays, surtout anglo-saxons ou influencés par eux, les gens accrochent pendant toute l'année des couronnes à leurs portes d'entrée. C'est devenu un geste de bienvenue.
Mais c'est surtout la Grèce qui connaît une tradition de couronnes depuis l'antiquité. Les tapis de fleurs qui vont s'éclore tôt au printemps, se faneront déjà à partir du mois de mai. C'est pourquoi, le 1er mai était pour les Grecs un jour de fête, longtemps avant d'être la fête des travailleurs. Les gens allaient à la campagne pour cueillir des fleurs, fêter le printemps déclinant et à cette occasion, ils tressaient et tressent aujourd'hui encore des couronnes de fleurs. Ils les accrochent à une grille de fenêtre ou à la porte. Autrefois cette couronne était jetée au feu à la St Jean, ce qui ne se fait plus aujourd'hui, les feux étant devenues dangereux dans les pays méditerranéens.
J'ai photographié une telle couronne lors d'un voyage. Vous constaterez la spontanéité de son tressage.
Les couronnes de l'Avent commencent tout juste à faire leur entrée dans la Cité Plantagenêt. Elles sont un mélange de la couronne de bienvenue et d'attente de Noël.
La vraie couronne de l'Avent porte des bougies et a ses origines dans un orphelinat du 19e siècle près de Hambourg. Le pasteur de cette institution, Hinrich Wichern, ayant du mal à concentrer les jeunes délinquants, inventa un système pour faciliter l'attente de Noël : sur une roue de charrette posée à plat, il mit quatre grosses bougies pour les 4 dimanches de l'Avent et entre elles 4 fois 6 petites bougies. Plus tard, les petites bougies disparurent et on décora la roue de sapin. Mais ce n'est qu'après la première guerre mondiale que la couronne de sapin avec ses 4 bougies entra dans toutes les maisons allemandes. Aujourd'hui encore, c'est une des coutumes les plus ancrées en Allemagne, peu importe l'engagement chrétien.
La guirlande aussi a ses origines chez les Gréco-Romains. Elle est le symbole de l'abondance et de la cérémonie. Nous la découvrons dans la décoration de l'architecture romaine et sur leurs sarcophages. La renaissance et d'autres époques après elle ont repris le motif de la guirlande. Nous pouvons admirer des portraits de belles dames avec couronnes et guirlandes peints au 17e et 18e siècle.
Aujourd'hui encore, dans les villages allemands où les gens se connaissent bien, la guirlande tressée en végétaux reste d'actualité. Les amis apportent aux jeunes mariés une guirlande pour embellir le lieu du mariage.
Et ça ne s'arrête pas au jour du mariage : pour les noces d'argent et les noces d'or aussi les voisins et les membres de la famille préparent une guirlande. C'est ainsi que beaucoup de photos, souvenirs de ces jours, sont prises sous la guirlande.
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