CHRONIQUE BOTANIQUE N° 53 : MINI-JARDINS SUR NOS TROTTOIRS
Les Chroniques Botaniques sont toutes conçues,
rédigées et imagées par Maren GRABER
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Parfois on ne découvre les changements qui s’opèrent dans notre ville que par hasard. Etant obligée pendant les mois d’octobre et novembre 2022 de me rendre régulièrement à l’hôpital, je passais en voiture par la place de la Chasse- Royale qui était alors fermement empaquetée dans les cubes rouges et blancs de la voirie. Celles-ci bloquaient ou obligeaient les automobilistes à rouler au pas. Je continuais ensuite par le bas de l’avenue Rhin- et- Danube, puis tournais à gauche à un nouveau rond- point dans la rue du Colonel Quéru. Il n’était pas difficile de comprendre qu’un réaménagement de ces lieux était en cours. Mais ce qui me frappait d’emblée, c’était la plantation d’arbres d’alignement mélangés, un choix d’espèces très différentes dans ces deux rues. Jusqu’ici je n’avais jamais vu un mélange d’arbres de rue. Certaines avenues me vinrent à l’esprit où les canicules à répétition avaient fait mourir de jeunes arbres d’alignement et où les replantations ne seraient pas faciles. Si par contre on plantait des arbres de différentes espèces, ils seraient plus facilement remplaçables, leurs différences de hauteur ou de largeur n’auraient aucune importance, étant au contraire même voulu.
Jour après jour, je saisissais au vol un nouveau détail. Entre les arbres (était-ce vraiment un alignement ?) semblaient pousser d’autres végétaux. Je devais absolument m’arrêter un jour pour comprendre ce que les urbanistes étaient en train d’accomplir ici. En interrogeant mon smart-phone, j’appris d’abord que ces travaux faisaient partie d’un projet d’urbanisme plus vaste qui concernait aussi l’avenue Louis Cordelet, la rue Voltaire et les deux ronds-points provisoires devant le tunnel et à l’entrée de la rue Voltaire. Mais pour le moment, fin janvier 2023, les équipes de travail terminent la restauration de la place de la Chasse Royale et la partie basse de l’avenue Rhin-et-Danube. La construction d’un deuxième rond-point dans la rue du Colonel Quéru a mis en valeur l’entrée du parc Martin Luther King. Il s’agit d’un jardin de plus de 200 ans. Il est à espérer qu’il attirera désormais beaucoup plus de monde. Il mérite d’être connu et admiré surtout pour ses vénérables arbres, dont un immense cèdre datant d’avant la Révolution Française. (Chronique Botanique N° 37).
Si vous vous souvenez de la laideur de l’avenue Rhin-et-Danube avant les travaux, avec ses feux tricolores et sa circulation nerveuse et rapide vers la zone commerciale Nord et les autoroutes, vous ne pouvez qu’être surpris de la transformation du lieu. Il me semble que même les maisons d’habitation et les magasins ont subi une cure d’embellissement comme cela a été le cas le long du trajet du tram. Bien sûr, la circulation dense n’a pas disparu, mais les urbanistes obligent les automobilistes à rouler calmement. La chaussée est réduite à deux files assez serrées et a laissé la plus grande part à l’aménagement des places, trottoirs, pistes cyclables et stationnements, en tout 42600 m2 dont presque un quart, précisément 9645 m2 a été attribué à la nature.
Un jour au mois de novembre je me suis garée pour mieux comprendre le nouvel aménagement. Ma photo vous montre cette installation de la nature, on pourrait dire de mini-jardins sur les trottoirs, de plates-bandes dans lesquelles sont plantés des arbres de différentes espèces, d’arbustes variés et de vivaces sauvages ou très rustiques. Le tout fait une véritable haie qui protège les maisons et leurs habitants, les piétons qui passent par là. C’est tout nouvellement installé, imaginez la haie dans cinq ans quand elle sera devenue dense et couvrante, donnant une ombre bénéfique. Il y aura toujours un arbre, un arbuste, une vivace en fleur. La biodiversité s’installera, les plantes tempéreront la canicule, aideront à la dépollution des gaz de la circulation. Tout cela est à souhaiter ainsi qu’un engagement des riverains qui pourront signaler un dessèchement ou même arroser et aider à garder de ces petits jardins intacts.
A d’autres endroits de l’avenue, les plates-bandes n’étaient pas encore installées, ce qui me permet de vous montrer de plus près le processus. Le bac est déjà rempli de terre végétale, puis celle-ci couverte d’une épaisse couche de copeaux de bois, un principe de la permaculture pour ne pas laisser dessécher la terre. Une machine a implanté solidement des pieux de 2 m qui seront reliés par des planches, plus au moins en zigzag. Trop de régularité et de raideur seraient contre nature. A droite du bac on a prévu un stationnement pour les voitures ; elles restent du côté de la chaussée et cachées du côté des maisons. On aurait pu imaginer une longue plate-bande. Au contraire, les surfaces sont de différentes tailles avec plus au moins de dallage entre elles pour laisser passer les piétons et même les voitures qui doivent gagner un garage, une cour, un atelier. Au niveau de l’arrêt du bus on a renoncé à la plate-bande et on a dallé le sol. Est-ce un manque de confiance envers les utilisateurs du bus qui ne respecteraient pas la nature ?
Les planches sont installées à bonne hauteur et permettent déjà de cacher un peu les voitures stationnées. Elles servent également à l’attachement des jeunes arbres et à soutenir naturellement les lianes et arbustes. La photo permet de découvrir le principe des trois hauteurs végétales qui doivent se nourrir et protéger mutuellement : l’arbre attaché avec une corde à la planche, le chèvrefeuille occupant déjà bien l’étage entre le sol et la planche, puis les vivaces en train de prendre possession du sol bien mulché : iris, géranium vivace, arums, graminées.
Après ces photos d’un aménagement inventif des trottoirs, je voudrais rappeler la situation normale dans notre ville, ici dans avenue Brazza, sur un axe qui sert à certains moments de la journée de rocade. La voiture est reine! Elle stationne à côté du trottoir et entre les arbres d’alignement. Tous les déchets de la voiture, ne serait-ce que des gouttelettes d’huile ou d’essence rentrent dans la terre très proche de l’arbre. Et même si on a protégé l’arbre par une armature métallique pour qu’il ne soit pas écorché par- dessus le marché, et même si on a couvert son pied d’une bonne couche de copeaux de bois, l’arbre sera très mal ici. Tout ce qu’on lui demande, c’est de grandir et faire un bon toit d’ombre à la voiture et qu’elle partagera peut-être avec les piétons. Certes les petits carrés aux pieds des arbres sont souvent soignés par les riverains qui y sèment ou plantent des végétaux, du lierre, des asters, des narcisses…Donc il y a en germe l’idée d’un embellissement de l’avenue et de protéger les arbres, les nourrir, garder l’humidité le plus possible.
L’avenue est large, même si elle cède un bout de chaque côté à la piste cyclable qui elle est placée à côté des voitures stationnées et chaque ouverture inattentive de portière peut amener un accident.
Par contraste nous pouvons constater combien le projet Rhin- et -Danube est novateur, rend les trottoirs aux piétons et place aussi la piste cyclable entre les mini-jardins et les maisons. Il renvoie les voitures à une place secondaire et apaise la circulation. Dommage seulement que cette belle piste cyclable ne mesure que 750 m. Mais il y a un début à tout ! Les Français oublient souvent de porter un regard sur les idées des autres. Comment font les pays plus au Nord, la Hollande, l’Allemagne, le Danemark depuis plus de 50 ans ? Partout, ou presque partout la piste cyclable est séparée par une bande de gazon de la rue qu’elle suit. A la campagne elle s’en éloigne même souvent quand il s’agit de ne pas abattre un arbre, de respecter un ruisseau, un champ, une haie.
Pour terminer ma chronique je vous amène sur les places qui ont été rénovées dans le cadre de ce projet. Voici d’abord la placette devant la rue des Etamines en face de la rue du Colonel Quéru. Un banc d’un demi-cercle entoure une moitié d’un parterre rond. Celui-ci est fermé par une clôture ganivelle, une marque actuelle de nos espaces verts. Au mur de la 1ère maison admirons ces deux jolies coccinelles, certainement une œuvre du festival « Plein Champ ».
La restauration de la place de la Chasse Royale n’est pas tout à fait finie. Il manque surtout la finition d’une petite fontaine qui lui donnera un aspect rêveur : l’eau ruisselante rappellera que le temps de la circulation rapide appartient définitivement au passé ici. Nous retrouvons les mêmes clôtures autour des parterres ronds. Un arbre est planté au milieu de chacun d’eux et le printemps nous fera découvrir un décor floral. Jetons un dernier regard sur le dallage en forme d’arrête de poisson qui couvre la place. Le sable éparpillé à sa surface prouve que les dalles sont posées dans du sable et non sur une surface bétonnée comme c’est si souvent le cas. Ainsi l’eau peut s’écouler facilement par les interstices. Vraiment, la carte écologique a été joué jusqu’au bout. Bravo !
DEVINETTE 53
Photo N° 10
Nommer cette fleur trouvée début novembre dans un des mini-jardins, avenue Rhin et Danube.
SOLUTION DE LA DEVINETTE 52
La devinette 52 était à la fois la chronique 52 et le jeu N°7 de la fête Entre Cours & Jardins.
La gagnante a été tirée au sort. Il s’agit de Jocelyne Maufay qui a été récompensée d’un rosier Mutabilis. Encore félicitation Jocelyne ! Et merci à tous les autres participants. Je voudrais mentionner tout spécialement la participation de deux jeunes garçons avec leur grand-mère. Bravo !
Tous ceux qui n’ont pas envoyé leur résultat peuvent le vérifier maintenant. Il m’a été dit à plusieurs reprises que c’était plus facile de reconnaître une plante dans la nature que sur une photo. Cela veut dire que l’ancienne formule du jeu botanique était préférable ?
IL FALLAIT TROUVER :
la lettre 5 dans ARAUCARIA = C , la lettre 4 dans MURIER = I, la lettre 9 dans MILLEPERTUIS= T, la lettre 7 dans BRUYERE = E, la lettre 1 dans PHYSALIS = P, la lettre 3 dans COLOQUINTES = L, la lettre 3 dans STATICE = A, la lettre 10 dans POTIMARRON =N, la lettre 9 dans BUTTERNUT = T, la lettre 6 dans DAHLIA = A, la lettre 3 dans TAGETES = G, la lettre 5 dans PHYGELIUS = E, la lettre 4 dans VIGNE = N, la lettre 8 dans ARBOUSIER = E, la lettre 4 dans PHYTOLACCA = T … ce qui donne les deux mots manquants : CITE PLANTAGENET .