CHRONIQUE BOTANIQUE N°50 L’ARBRE MAGIQUE ET SES JONQUILLES
Les Chroniques Botaniques sont toutes conçues,
rédigées et imagées par Maren GRABER
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La 50ème chronique botanique sera la première sur notre nouveau site. Elle parlera d’un arbre pas comme les autres déjà décrits dans cette rubrique. Il s’agit bel et bien d’un arbre magique sorti de l’esprit et des mains d’un sculpteur avec des guirlandes-mobiles qui brillent au soleil ou aux lumières de la nuit. Il ne possède rien de vivant, ni racines, ni sève, ni chlorophylle, il est tout simplement une statue et encore une statue pas comme les autres qu’on peut trouver au fond des parcs et dont on essaie d’ôter mousse et lianes.
Peut-être certains d’ entre vous ont déjà deviné où il se tient. D’autres seront déçus, car ce n’est nullement dans un parc qu’on le trouve, mais dans un lieu terriblement banal, autour duquel les voitures circulent sans arrêt : un rond-point ! En venant du quartier des Maillets, c’est le premier rond-point sur la rue de Bonnetable qui, pour sa part, y occupe deux embranchements, les deux autres étant une bretelle de la rocade et l’entrée au supermarché Leclerc. L’arbre ne trouve la paix qu’en pleine nuit quand il n’y a plus ni bruit, ni gaz d’échappement.
Il faut beaucoup voyager pour trouver ailleurs un tel faste sur un rond-point. Mais notre arbre-statue n’a pas été conçu pour cet endroit où l’admirer peut provoquer un accident, parce que vous êtes forcement en voiture quand vous tournez autour. La ville du Mans avait passé une commande au sculpteur sarthois Daniel Deret pour décorer la place de la République lors du passage à l’an 2000. 22 ans se sont déjà écoulés depuis que l’arbre magique a brillé pendant la nuit de la Saint Sylvestre sur la Place de la République ! Ensuite on s’est rapidement habitué à vivre dans un nouveau millénaire et l’œuvre métallique d’un poids de 4,5 tonnes et 12 m de haut est vite devenue encombrante. Pourtant pour le placer à cet endroit, la municipalité avait engagé de sérieux efforts. Un cabinet d’architecture à testé sa structure, l’entreprise Garszynski s’est chargée du montage et les services techniques de la ville ont installé ses éclairages. Soit, il faut savoir fêter et il faut aussi savoir utiliser ce qu’il en reste !
Donc, l’arbre-statue a échoué sur ce rond-point où on le force en outre à s’intégrer à la nature. Il faut me croire : ses branches inférieures qui touchent le sol sont prises d’assaut par de grosses touffes de lierre qui donnent l’impression de faire partie de l’arbre. Le lierre grimpe et grimpe, vigoureusement comme sur un arbre en forêt. Mais ce que je pensais pendant les premières années de son séjour sur le rond-point, à savoir que le lierre se ferait une joie de monter au sommet et dans les mobiles de l’arbre, cela n’est jamais arrivé ! Son élan s’arrête après le premier tiers de la statue. Est-ce une espèce de lierre qui ne monte pas très haut, ou bien les jardiniers responsables l’empêchent-ils de grimper davantage ?
Les autres branches de l’arbre magique s’élèvent au contraire à la verticale ou en biais. Chacune d’elles se termine par une ramification qui ressemble à deux cornes capricieuses, encore prolongées par des fils de fer tordus dans tous les sens et portant des guirlandes. Les branches sont formées par des rubans de fer rouillé. L’artiste a découpé ces rubans d’une manière très irrégulière lui permettant un montage ajouré. Ma photo m’a surprise par sa ressemblance avec un découpage de silhouettes. Revenons aux guirlandes-mobiles, l’apogée de cette création. Il s’agit de colliers d’une multitude de petits miroirs triangulaires qui bougent au vent et brillent au soleil. Il y en a même dans la partie couverte de lierre. Mais celles-ci ne peuvent plus jouer leur rôle de mobile, ce qui explique pourquoi le lierre ne doit pas monter plus haut.
La partie aérienne de l’arbre, gracieuse et ludique, contraste curieusement avec la partie un peu empâtée et ancrée dans le sol. Mais l’œuvre nous paraît d’autant plus intéressante quand nous circulons autour d’elle. Bien sûr, pour vraiment observer et photographier, je me suis exposée quelques minutes au bord d’une circulation effrénée. Mais que retenons-nous quand nous y passons en voiture ? Juste un détail, une petite découverte. Cette réception fragmentaire ne ressemble-t-elle pas un peu à notre vie moderne ?
En tout cas, le détail à saisir actuellement près de l’arbre magique est une nuée de magnifiques jonquilles. Pendant ces dernières décennies, beaucoup de villes ont fait des plantations de bulbes pour égayer les gazons et les bords des routes. Je connais l’exemple d’une petite ville au bord du fjord de Kiel en Allemagne, où une initiative a été prise par les habitants eux-mêmes. L’hiver avec ses pluies et basses températures y est encore plus long que chez nous. Il leur semblait bon d’être accueillis par les signes d’un printemps proche. Pendant des années ils ont continué leurs plantations de bulbes en automne. Les bords de route sont devenus un vrai festin pour les yeux de mars à mai, pour ne pas parler de la joie qu’ils ont éprouvée à choisir les variétés de narcisses, à les planter et même à prendre un repas en commun offert par le boucher de la ville.
Sur notre rond-point, nous voyons quelques variétés de narcisses différentes, mais elles ne dureront pas jusqu’au mois de mai. A ce moment-là on découvrira plutôt un gazon hirsute au pied de l’arbre, car il ne faut pas couper trop tôt les feuilles des jonquilles, parce qu’elles nourrissent les bulbes pour la nouvelle saison. Le genre narcissus qui fait partie de la famille des amaryllidacées comporte 30 espèces botaniques et d’innombrables cultivars. Pour les distinguer, il existe une classification internationale pour les spécialistes ou les collectionneurs. Il faut surtout se poser la question de la différence entre narcisse et jonquille : « si toutes les jonquilles sont des narcisses, tous les narcisses ne sont pas des jonquilles ». Cette citation est reprise dans toutes les descriptions sur le genre. De vraies jonquilles ne poussent qu’à l’état sauvage au Portugal et en Espagne. Il s’agit d’une espèce appelé narcissus jonquilla qui se distingue par ses feuilles très étroites comme du jonc, ainsi que par une tige qui porte plusieurs fleurs.
La plupart de nos narcisses du jardin que nous appelons jonquilles sont nommés par les Allemands cloches de Pâques (Osterglocken) et par les Anglais daffodils. Ils sont issus de 3 espèces principales : narcissus jonquilla, narcissus pseudonarcissus et narcissus poeticus. La fleur est composée d’une trompette ou d’une coupe/couronne au centre qui abrite les étamines et le style et qui est entourée de six pétales se terminant presque toujours en pointe. Les tiges qui portent plusieurs fleurs sont des hybrides de narcissus jonquilla. Il y a une variété infinie de tailles, formes, couleurs et parfums.
Comme je ne parlerai pas si tôt dans cette rubrique de ronds-points et de routes à forte circulation, je voudrais complimenter les jardiniers et paysagistes de notre ville qui inventent, plantent, taillent et entretiennent même ces emplacements difficiles. Prenez la rocade à partir de la route de Bonnetable jusqu’à Coulaines et admirez le travail du paysagiste. Pour chaque saison, et surtout au printemps et en automne, il nous a composé de belles scènes végétales. En ce début du mois de mars on circule dans des nuages de fleurs de prunus et de chatons de saules. Après la construction de ce dernier morceau de la rocade, les chemins de randonnée à pied et à vélo coupés par les travaux ont été rebranchés d’une manière ou d’une autre, ce qui est également appréciable.
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SOLUTION DE LA DEVINETTE 49
1. Il s’agissait d’un bonsaï d’érable du Japon
2. Voici un assortiment de heucheras à feuilles de couleurs très vives
3. Au Troc’Plantes on pouvait participer à un jeu d’herbier. Si vous l’avez manqué, pensez à y participer cette année.
DEVINETTE 50
Dans une haie en face de l’arbre-statue fleurissent début mars ces arbustes de 80 cm. Comment s’appelle cette espèce ?